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Numéro
24 : « Infiniment, cela suffit » 10 notes de lectures (par Armelle Guillaume, Françoise Ille, Michel Lac, Jacqueline Saint-Jean) Avec des illustrations de Loreto Corvalán
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Je suis
un peu magique comme ces algues retenues par la foi du sol d'une eau ronde en forme d'outre verticale aussi qui pousse en chemin le ciel par-dessus comme une pierre Je me tiens sur vos pas depuis le temps et vous me franchissez les mains étroites sans me connaître Aimez-moi sur le bout de la langue du bout des lèvres même Ayez-moi dans les yeux toute petite à l'envers comme quand j'étais vivante
Récite-moi un homme,
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Editorial, par Jacqueline Saint-Jean «
Infiniment, cela suffit » Chacun cherche ses bottes d'encre, traverse le gué, s'avance vers ses reflets, vers ses appels. "Emerge autant que possible à ta propre surface" (Char). Poème ou récit, chacun sa langue de désir. "Naître occupe tout mon temps" Visages "sortis des boues", "peuplés de siècles", "effraction de puits où luisent nos basilics et leurs yeux plein de songes". Ce qui nous hante n'a pas toujours de nom. Comme "du vent dans les oreilles" ou l'obsédante sensation d'oublier sans cesse quelque chose d'essentiel. Ou bien d'être en retard. "Tu es ailleurs, tu ne sais pas ce que tu cherches", me disait-elle en mon enfance. Dans la "boulangerie" du monde s'invente la "coexistence". "Pris à langue", on tourne comme on peut autour du Zircon focal, la noire densité de son noyau d'énigme. Parcours obscurs, écheveau de chemins qui parfois nous échappent. Les pierres frémissent, "on plante ses doigts dans la terre nécessaire", mais sachons "frapper entre nos mains obscures, frapper nos peaux, nos métamorphoses". Saisons et lunaisons, les graffitis voyagent... Si près, si loin, toujours l'exode, son ressac. La carte du monde est encore à refaire. "Et dans la plaine, le roi tue". Il s'agit toujours de "prendre sur la nuit". Sans cesse en marche vers la trouée. "Infiniment, cela suffit".
Jacqueline Saint-Jean |
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